Métaux précieux: le fixing de l’argent se modernise, avant celui de l’or
Le CME Group et Thomson Reuters ont été choisis vendredi pour gérer la fixation du prix de l’argent à Londres dans le cadre d’une révolution du marché des métaux précieux qui doit bientôt rattraper l’or, dont le fixing est entouré de soupçons.
La proposition conjointe de l’opérateur boursier CME Group et du groupe américano-canadien d’information Thomson Reuters a été sélectionnée par consensus entre les acteurs du marché des métaux précieux, au cours d’une consultation chapeautée par la London Bullion Market Association (LBMA), l’association professionnelle du secteur.
Le fixing de l’argent londonien vieux de 117 ans
Vieux de 117 ans, le fixing londonien de l’argent devait s’arrêter le 14 août prochain, une décision prise mi-mai par le comité de trois banques (Deutsche Bank, HSBC et Scotiabank), actuellement en charge de ce processus journalier.
Ce seront donc le CME Group et Thomson Reuters qui prendront le 15 août le relais de ces trois banques pour fixer chaque jour un prix de référence à l’argent mais avec une méthode modernisée.
Ainsi, au lieu d’une conférence téléphonique à huis-clos au cours de laquelle les banques fixent un prix d’équilibre, le mécanisme sera « électronique », « basé sur des enchères » et pourra être « audité », souligne la LBMA dans un communiqué.
Il y aura un plus grand nombre de participants, qui seront sélectionnés via un processus d’accréditation que compte développer la LBMA.
« Nous attendons avec impatience d’utiliser le nouveau fixing quand nous achèterons de l’argent pour nos clients. C’est mieux d’avoir Thomson Reuters et le CME comme opérateurs du fixing plutôt qu’une poignée de banques », juge Mark O’Byrne, directeur de la recherche chez le courtier GoldCore.
Le CME Group sera en charge de la plateforme de prix et de la méthodologie tandis que Thomson Reuters en assurera la gestion et la gouvernance.
Toutefois, le directeur de la recherche de GoldCore s’est dit « un peu surpris par la rapidité avec laquelle la décision a été prise » et juge que le « processus de consultation et de décision aurait pu être plus transparent et ouvert ».
De son côté, la LBMA a rappelé vendredi que le processus de consultation débuté mi-mai a consisté en « deux enquêtes de marché, un séminaire et de nombreuses réunions avec les acteurs de marché, les prestataires de services et les régulateurs ».
« La transparence et la supervision seront clefs pour que les acteurs du marché fassent confiance au nouveau fixing de l’argent », rappelle Marc O’Byrne.
« Nous comprenons à quel point la référence du prix de l’argent est fondamentale pour le marché physique des métaux et nous sommes impatients de continuer à coopérer avec les principaux acteurs du marché pour fournir notre nouvelle solution le 15 août », a déclaré William Knottenbelt, responsable de la région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) pour le CME Group.
Le nouveau fixing de l’argent, un exemple pour l’or ?
Depuis quelques mois, les processus de fixation des prix des métaux précieux (tous réalisés sur le même format) font l’objet de soupçons de manipulation et d’enquêtes de la part de plusieurs régulateurs financiers.
Un exemple de manipulation a d’ailleurs été mis au jour avec l’amende de 26 millions de livres (32,6 millions d’euros) infligée en mai à Barclays par le gendarme des marchés britannique (FCA). Un employé de l’établissement avait agi illégalement le 28 juin 2012 en tentant d’influencer la fixation du prix de l’or au-dessous d’un certain seuil afin d’éviter d’avoir à payer un client.
La modernisation du fixing de l’argent pourrait ainsi servir d’exemple à celle du fixing de l’or, qui fait actuellement l’objet d’un processus de consultation du marché.
Pour le métal jaune, c’est l’organisation représentant les plus grands producteurs d’or de la planète (le CMO) qui a lancé ce processus et compte publier dans les prochaines semaines un rapport sur le sujet.
Le fixing de l’or, qui a été créé le 12 septembre 1919 et qui sert de référence à de nombreuses transactions (entre 2 et 4 millions d’onces seraient échangées chaque jour sur cette base selon le CPM Group), est pour l’instant géré par quatre banques : Barclays, HSBC, Scotiabank et Société Générale.